Séminaire "ethnologie et archéologies" 2017-2018 « Sociétés et êtres d'exception » Approche interdisciplinaire et de sciences participatives

« Sociétés et êtres d'exception »

Approche interdisciplinaire et de sciences participatives


Comité d’organisation : Pierre Le Roux, Bernard Moizo, Roger Somé, Valéry Zeitoun
Assistant : Romain Denimal (étudiant en master d’ethnologie de l’université de Strasbourg)

En partenariat avec l’Association d’ethnologie de l’université de Strasbourg pour l’enregistrement et la mise en ligne des conférences sur Youtube :

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Dans toute l’histoire de l’humanité, il y eut des groupes et des individus exceptionnels, élites ou parias, admirés ou méprisés, remarquables et remarqués, doués et maîtrisant un savoir particulier ou simplement à l’écart des groupes sociaux majoritaires. Cette mise en relief ou à l’écart peut être simplement question de personnalité individuelle (adultes surdoués par exemple ; inventeurs ; architectes créateurs, mendiants, tyrans…), et peut aussi provenir du statut et de la morphologie sociale (chefs, rois et affidés dans les espaces sociaux restreints ou larges, actuels ou subactuels ; grands hommes et big men en Océanie et en Asie du Sud-Est ; ouvriers compagnons du Tour de France ; chamanes et guérisseurs…), de circonstances historiques (autres espèces humaines disparues contemporaines de Homo sapiens ; stèles gravées à la gloire des monarques du Cambodge ancien…), de circonstances religieuses et symboliques (anachorètes en Inde et en Asie du Sud-Est ; prosélytisme évangéliste par les actions de développement en Afrique…), de circonstances politiques (think tanks et experts aux Etats-Unis et en Europe ; création récente d’élites suivant les règles du management privé aux ordres de la hiérarchie dans la fonction publique en Europe…), de circonstances sociales, culturelles et économiques (entrepreneurs chinois en Asie du Sud-Est ; planteurs industriels de palmier à huile en Afrique…), ou bien de rapports interculturels hiérarchisés (intouchables en Inde ; captifs en Mauritanie, forgerons en Afrique sub-saharienne ; Amérindiens dans les réserves aux États-Unis et au Canada actuels…). Le sujet est si riche qu’il ne saurait être couvert en l’espace des huit séances du séminaire, aussi faut-il considérer le thème de cette année comme une simple introduction à un ensemble complexe qu’il conviendra d’approfondir par la suite, notamment dans le cadre de futures sessions de ce séminaire.

À la mort d’André-Leroi-Gourhan, professeur au Collège de France, en 1985, Alain Testart, anthropologue directeur de recherche au CNRS, fut l’un des rares à poursuivre en France la fructueuse et difficile collaboration entre archéologie, notamment préhistorique, et l’ethnologie ou, plus largement, l’anthropologie. Après la disparition d’Alain Testart en 2013, la coopération entre ethnologie et ce qu’Alain Testart résumait comme « avant l’histoire » en France est non pas à réinventer mais à réactiver. Cette collaboration est nécessaire parce qu’elle est productive et riche de potentiel et de conséquences probables. Celles-ci intéressent tout aussi bien l’ethnologie que la paléontologie et l’archéologie, fournissant à cette dernière de nouveaux modèles explicatifs ou simplement éclairants, de nouvelles hypothèses de recons-truction sociale pour les peuples disparus, les sociétés primitives au sens propre. Cette collaboration agrandit spatialement le terrain d’observation de la préhistoire au monde entier et particulièrement aux sociétés exotiques. À rebours, elle suscite pour l’ethnologie de nouvelles perspectives et manières d’envisager les sociétés reliques actuelles, lui offrant une extension de son domaine d’action dans le temps long, aujourd’hui trop délaissé en anthropologie.

C’est pourquoi le « séminaire d’ethnologie et de préhistoire » a été créé en 2014, montrant une large ouverture sur l’archéologie préhistorique suivant l’exemple montré naguère par André Leroi-Gourhan et Alain Testart. Depuis 2016, il s’ouvre aussi à la paléoanthropologie et, résolument interdisciplinaire, il se prolonge d’une approche de sciences participatives avec l’intervention de personnes issues de la société civile comme c’était le cas naguère avec les sociétés savantes qui relayaient et parfois dépassaient, les complétant toujours, les institutions académiques et universitaires. L’organisation comme l’intitulé du séminaire ont donc été modifiés. En 2016, il a pris le nom de « Séminaire ethnologie et archéologies » et est aujourd’hui dirigé par Pierre Le Roux, ethnologue ; Bernard Moizo, socio-anthropologue ; Roger Somé, ethnologue ; Valéry Zeitoun, paléoanthropologue. En 2014, le thème du séminaire a été « Des animaux pour les dieux, les morts et les ancêtres : la pratique du sacrifice animal ». Celui de l’année 2015 fut « Le sauvage et le domestique ». Le thème choisi pour l’année 2016 fut « La mondialisation, d’hier et aujourd’hui ».

Le séminaire, à thème annuel, comporte 24 heures, réparties en 8 séances de 3 heures au premier semestre universitaire, à raison de 3 séances mensuelles environ. Il a normalement lieu le vendredi après-midi, de 14h à 17h, aux dates indiquées dans le programme, sur le campus Esplanade de l’université de Strasbourg (salle précisée à chaque séance). Il accueille chercheurs, enseignants-chercheurs, docteurs, doctorants, étudiants de niveau master (toutes disciplines) et il est ouvert aux étudiants de licence et au public cultivé dans la limite des places disponibles.

Innovation pédagogique : reprenant le principe adopté en 2016, le séminaire accueille à chacune de ses huit séances un intervenant « senior », chercheur ou enseignant-chercheur, suivi d’un intervenant « junior », chercheur hors-statut, doctorant ou étudiant prometteur diplômé d’un master, afin de permettre à de jeunes chercheurs de se lancer dans la discussion académique en présentant leurs premiers travaux à l’aune critique de leurs aînés.

Deuxième innovation pédagogique : reprenant le principe adopté dès 2015 et reconduit en 2016, des étudiants volontaires en début d’année universitaire, à raison d’un étudiant par niveau (licence sciences sociales 2e année, licence sciences sociales parcours ethnologie 3e année, master ethnologie 1re année, master ethnologie 2e année) suivent la totalité des séances du séminaire et en présentent publiquement la synthèse critique dans les mêmes conditions que les conférenciers invités lors des séances habituelles. Cette formule plaît aux étudiants qui l’ont expérimentée en 2015 et 2016 tant en ce qui concerne les intervenants que les auditeurs, car il s’agit d’un exercice en conditions réelles de prise de parole académique en public, et donc une excellente initiation à la recherche.