Journée d’étude - CERIS, Faculté des sciences sociales, DynamE.
La journée d’étude s’intéresse aux dispositifs et aux acteurs (élus, travailleurs sociaux, interprètes, etc.) qui interviennent, à différents moments et dans différents contextes, auprès de cette population. Elle interroge conjointement les effets des politiques en matière d’asile sur les trajectoires des exilés ainsi que sur leurs conditions de vie et d’attente. Dans un contexte marqué par la saturation des dispositifs institutionnels d’accueil des demandeurs d’asile, la journée d’étude met en exergue d’une part, les inégalités des prises en charge qui en résultent et, d’autre part, les mobilisations citoyennes qui, à l’échelle de villes ou de quartiers, proposent de nouvelles formes d’hospitalité. La conclusion de la journée invite à repenser, dans le cadre de l’asile, les frontières du privé, du public et de l’intime dès lors que l’exposition et le récit de « soi » ou, dit autrement, les biographies institutionnelles, sont au cœur de l’examen des demandes de protection internationale.
Programme détaillé :
- 9h30 : Accueil des participants
- 9h45 : Introduction : Anaïk Pian, sociologue (Université de Strasbourg, DynamE).
- 10h : Geremia Cometti, ethnologue (Université de Strasbourg, DynamE) :
Expériences quotidiennes de la condition de migrant dans la Jungle de Calais.
Discutante : Léopoldine Leuret (étudiante en master Interventions sociales, comparaisons européennes, migrations)
À travers une ethnographie de l’organisation des migrants soudanais dans la Jungle de Calais, cette présentation vise à montrer une partie de la Jungle qui est resté cachée à la majorité de la population.
- 10h45 : Olivier Clochard, géographe, chargé de recherche CNRS (Migrinter, Université de Poitiers) :
Face aux crises des pays voisins, la défaillance des dispositifs d'accueil à Chypre.
Discutante : Coline Gayou (étudiante en master Interventions sociales, comparaisons européennes, migrations)
À Chypre, le centre de Kofinou est le seul lieu destiné à l’accueil des demandeurs d’asile. Situé en rase campagne, ce camp composé de cabines de chantiers offrant des espaces pour dormir, faire la cuisine, etc. a été construit dans l’urgence au milieu des années 1990. Face à cet accueil très rudimentaire, les demandeurs d’asile sont bien souvent obligés de trouver des solutions alternatives qui peuvent conduire certains d'entre- eux à être confinés pour des périodes plus ou moins longues dans des dispositifs, des statuts juridiques dont il est difficile parfois de sortir.
- 11h30 : Naoual Mahroug, doctorante en anthropologie (Université Paris Descartes, Cerlis) et Carolina Boe, anthropologue, post-doctorante (Université d’Aalborg, Danemark) :
Protégés, ‘‘Dublinés’’. Circulations, invisibilités et confinements en France et en Europe du Nord.
Discutante : Angèle Berger (étudiante en master Interventions sociales, comparaisons européennes, migrations)
A partir d’une analyse des trajectoires de ressortissants Afghans mineurs et majeurs en France et dans deux pays nordiques, cette présentation analyse les ressorts du droit d’asile et de son application depuis une dizaine d’années, notamment en ce qui concerne la réglementation « Dublin ». Dans ce contexte, la communication rend compte des expériences de confinements et de circulations forcées telles qu’elles sont vécues par les exilés eux-mêmes et leurs soutiens.
- 12h30-14h : Déjeuner
- Introduction aux sessions de l’après-midi : Smain Laacher, sociologue (Université de Strasbourg).
- 14h : Témoignages : Interpréter l’asile.
Discutante : Ruth Newns (étudiante en master Interventions sociales, comparaisons européennes, migrations)- Moayad Assaf, interprète auto-entrepreneur, anciennement interprète à la Cour Nationale du Droit d’asile (CNDA) et à l’Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides (OFPRA).
- Abdel-Kerim Abdoulaye, interprète à la Cour Nationale du Droit d’Asile.
- 15h Evangeline Masson Diez, doctorante en sociologie (Université de Strasbourg, DynamE) - membre de l’ANR Babels :
Ouvrir son foyer à l’étranger : de l’accueil en urgence à l’hospitalité à la carte.
Discutante : Margot Perriaux (étudiante en master Interventions sociales, comparaisons européennes, migrations)
Depuis 2015, le retour en visibilité des campements urbains de migrants dans le nord de la France et à Paris associé à la médiatisation des morts en méditerranée et des traversées de l’Europe orientale ont favorisé les mobilisations citoyennes auprès des exilés. Moins visibles que les actions de distributions, l’hébergement citoyen et privé a pris beaucoup d’ampleur. A Paris, et ailleurs en province, des personnes accueillent des demandeurs d’asile, des réfugiés, des mineurs sur un canapé, par terre ou dans la chambre d’amis pour une nuit, une semaine ou un mois. Si à Paris, les hébergements sont coordonnées par des associations ou des collectifs, à Bruxelles, une simple plateforme d’urgence met en lien places chez l’habitant et migrants. Héberger s’impose comme un nouveau mode d’engagement pour des citoyens qui semblent, à première vue, peu investis dans les sphères militantes et peu conscients des politiques migratoires. Mais qui sont ces hébergeurs ? Quelles sont les raisons qui les poussent à ouvrir leurs portes ? Comment accueillent-ils l’étranger ? Quel sens accordent-ils à ce type d’engagement ? Y a-t-il, dès lors, une particularité parisienne ?
- 15h45 Conclusion : Elise Marsicano (Université de Strasbourg, Sage)
Repenser les frontières du privé et public.
La journée d’étude est ouverte à tous, sans inscription préalable.
Adresse du lieu : Salle des conférences - MISHA - 5 allée du Général Rouvillois à Strasbourg
Contact organisation : Anaïk Pian, pian[at]unistra.fr