Conférence de Hélène Bloch - Gagner, épargner, détourner et transmuter « l’argent du temple » : circulations monétaires et conceptions méritoires dans un sanctuaire taoïste au Roi des remèdes (Mont Qingcheng, Sichuan, Chine populaire)

Événement passé
21 avril 2022
17h 19h
Salle 5320, Bâtiment 5 Le Patio (Campus Esplanade)

L'Institut d’ethnologie

(Faculté des Sciences sociales, Université de Strasbourg) 

a le plaisir de vous inviter à la conférence de Hélène Bloch, doctorante en anthropologie à l’université de Paris Nanterre (Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative), boursière du musée du quai Branly 2021-2022.

Gagner, épargner, détourner et transmuter « l’argent du temple » : circulations monétaires et conceptions méritoires dans un sanctuaire taoïste au Roi des remèdes (Mont Qingcheng, Sichuan, Chine populaire)

21 avril 2022, 17h

Bâtiment 5 le Patio, salle 5320

Au Temple du Roi des remèdes, petit monastère taoïste affilié à la montagne sainte du Qingcheng, « l’argent du temple » (miaozi de qian) est souvent le sujet de discussions enflammées et de rumeurs. Ses sources sont diverses : dons pécuniaires de la part des pèlerins, vente d’objets dévotionnels et de thé, rémunération de consultations divinatoires et d’autres rituels réalisés à la demande par les moniales vivant sur place. Cela ne suffit pourtant pas procurer à la communauté résidente du Temple au roi une aisance financière qui en ferait un collectif ne comptant pas ses sous. En effet, la trésorerie du sanctuaire est aussi le fruit d’un constant processus d’épargne, qui se traduit notamment par la frugalité alimentaire, l’auto-apprentissage de techniques artisanales afin d’économiser sur les frais d’intendance, et le recours au « travail vertueux » ou « bénévole » (yigong) de fidèles laïques. S’ajoute à cela que « l’argent du temple » est considéré comme régulièrement menacé, d’abord par le cambriolage direct de ses fonds liquides, mais aussi par des individus qui s’immisceraient dans le quotidien du lieu pour s’enrichir par des voies détournées, se rendant ainsi également coupables de voler les divinités. Dans cette intervention, je propose d’analyser ensemble les aspects financiers, cultuels et moraux qui composent « l’argent du temple ». Je tenterai de montrer que les négociations et les mouvements dont il fait l’objet constituent, plus qu’une logique d’accumulation de faveurs divines comme cela a souvent été interprété en Asie orientale, une véritable économie méritoire se situant au cœur des relations avec le panthéon local et ses gestionnaires.