Recensement

En 2001, la collection ethnographique de l’Université de Strasbourg (UDS) a bénéficié des soutiens financiers du Ministère de la Recherche (projet de mise en valeur déposé dans le cadre du Contrat quadriennal 2001-2004 de l’Université) et de la Maison Interuniversitaire des Sciences de l’Homme d’Alsace (MISHA) au titre du Programme Numérisation de l’Action Concertée Incitative Réseau des Maisons des Sciences de l’Homme.

Ces financements ont permis d’inventorier l’ensemble des objets et d’en restaurer une partie.
La campagne de photographies en ektachromes, réalisé par Yvon Boïko, a servi de support à Margarethe Caestecker pour la numérisation et l'élaboration du contenu de la base de données. L’ensemble de ces opérations était placé sous la responsabilité de Carine Schütz en collaboration avec Valérie Klein et Joëlle Kuhne.

Outre la réalisation de la démarche obligatoire et contractuelle que constitue l’inventaire d’une collection, l’idée sous jacente à ce projet mené dans une perspective à la fois pédagogique et scientifique fut de rendre accessible aux spécialistes comme au grand public les objets ethnographiques de manière virtuelle, par le biais d’un catalogue informatisé. Car, si la numérisation ne peut se substituer à l’exposition physique des objets, elle reste néanmoins un bon compromis dans le cas d’une collection privée de lieu de présentation permanent.
L’ensemble des opérations fut conduit en concertation avec la Maison Archéologie Ethnographie René Ginouvès (Paris-X-Nanterre) qui fit l’objet d’une opération parallèle de numérisation.

Les acteurs du projet

Cellule du projet

  • Carine Schutz, Responsable scientifique
  • Valérie Klein, Chargée de mission de recherche et d’étude pour l’inventaire de la collection jusque fin juin 2002
  • Marga Caestecker, Chargée de l’inventaire et de la documentation de la collection ainsi que de la numérisation des ektachromes et photographies de mars 2002 à 2005.
  • Joëlle Kuhne, Responsable de la campagne photographique
  • Paul-Benoît Zingerle, Stagiaire dans le cadre du DU d'ethnomuséographie
  • Association "Mondes et objets", Conception et réalisation des expositions, déménagement des collections

Intervenants extérieurs

  • Ivan Boïko, Photographe (chargé de mission)
  • Catherine Douvier, Webmestre, MISHA, Strasbourg
  • Carine Klein, Soutien administratif, MISHA, Strasbourg
  • Jean-Louis Hess, Photographe
  • Alain Renard, Restaurateur (chargé de mission)
  • Philippe Bruguière, Conservateur, Musée de la Musique - Cité de la Musique, Paris (identification et documentation d’objets)
  • Etienne Féau, Conservateur, MAAO, C2RMF, Paris (identification et documentation d’objets)
  • Josette Rivallain, Chercheur CNRS, Maître de Conférence, Musée de l’Homme, Paris (identification et documentation d’objets)

Carine Schutz, Joëlle Kuhne et Jean-Louis Hess ainsi que les membres de l'Association "Mondes et objets" ont travaillé sur ce projet à titre bénévole.

Pré-inventaire

L'origine de la Collection est concrétisée par le versement du fonds Lebaudy-Griaule à l'Université de Strasbourg en 1963, puis par celui de l’artisan missionnaire Léon Morel en 1967, enfin en 1991 par celui de l’ingénieur agronome Pierre Malzy. Viennent ensuite divers dons provenant d’enseignants et de chercheurs de l’Université.

En juillet 1998, l’ensemble des objets constituant la collection ethnographique de l’Université est listé et sommairement identifié. L’objectif de ce "pré-inventaire", sous la forme de fiches manuscrites, outre l’identification de chacune des pièces, est la vérification de leur présence par rapport à de précédents catalogues. Sont alors dénombrés un peu moins de 350 pièces.

En 1999, à l'occasion de l'exposition Regards sur l'objet ethnographique, certaines d'entre elles ont été photographiées.

Inventaire

Grâce au soutien du Ministère, le programme de mise en valeur de la collection portant sur quatre ans a permis dès 2001 la réalisation d’une campagne photographique, suivie de l'inventaire de la Collection.

Mais qu’entend-on exactement par inventaire ?

Un inventaire consiste en l’identification et en l’étude des objets destinés à être conservés et transmis. À cette occasion, on procède au constat d’état, au relevé détaillé et au marquage de chaque objet.
L’objectif est de clarifier leur appartenance à un ensemble reconnu, ici une collection publique. Les objets relèvent dès lors de la domanialité publique, régime juridique propre au patrimoine public, leur assurant inaliénabilité et imprescriptibilité.
Outre le fait de donner aux objets, une identité propre, unique, le but de l’inventaire est également de leur garantir une bonne conservation à long terme et d’acquérir des connaissances à leur propos.

L’inventaire de la collection ethnographique de l’UDS, réalisé sous forme de base de données, se divise en plusieurs étapes successives :

  • Inventaire photographique : de décembre 2001 à janvier 2002, 328 des 342 objets sont photographiés sous la forme d’ektachromes. La prise de vue principale est celle de face ou d’ensemble. Pour un certain nombre d’objets sélectionnés sont également photographiés leur face arrière, leurs profils gauche et droit. Ces clichés supplémentaires privilégient parfois des détails significatifs.
  • Prise de mesure : chacun des 342 objets de la collection est mesuré et pesé afin de mieux prévoir son volume dans les réserves (espace de stockage) ou dans une vitrine d’exposition. On prend compte de la hauteur, la largeur, la longueur et/ou du diamètre en centimètres. Le poids est indiqué en kilogrammes.
  • Marquage : un numéro d’inventaire est apposé sur chaque objet, permettant de l’identifier et de le différencier de toute autre pièce. L’objet devient ainsi une entité indépendante. Ce numéro d’inventaire est composé d’une série de trois nombres séparés par un point :
    • année de l’inventaire
    • numéro de la collection ou de la série d’objets
    • numéro d’ordre de l’objet dans la collection ou la série

    Cependant, la collection ethnographique de l’UDS est un ensemble anciennement rassemblé, progressivement constitué et non-inventorié jusqu’alors de façon précise. Il s’agit en conséquence de réaliser un inventaire rétrospectif. La constitution du numéro d’inventaire connaît donc une légère modification : le numéro de la collection ou de la série d’objets est remplacé par le chiffre « 0 ».

    Lorsque l’objet se compose de plusieurs parties détachables (un poignard et sa housse, par exemple), on ajoute à la fin du numéro d’inventaire, la numérotation des parties. Cela est valable aussi pour les objets constituant un ensemble ou une unité cohérente.

    Ainsi, l’objet numéroté 2002.0.56.3 donnera les indications suivantes :
    • l’objet a été inventorié en l’année 2002
    • cette pièce a fait l’objet d’un inventaire rétrospectif, annoncé par le chiffre « 0 » en lieu et place du numéro de collection ou de série
    • il s’agit du 56e objet inventorié
    • nous sommes en présence de la 3e sous-partie le constituant

    Le numéro d’inventaire est reporté sur l’objet en un emplacement relativement discret à l’aide d’une plume trempée dans une encre de chine noire ou blanche, selon la teinte de fond de l’objet. Une fine couche de vernis incolore permet de protéger et de fixer le numéro. Une première couche peut être apposée avant le marquage lorsque la matière est poreuse. Pour les textiles et les tissus, le numéro est inscrit avec une encre indélébile sur un petit rectangle de tissu neutre, cousu au verso, en bas à droite de la pièce. Le fil est également le plus neutre possible (fil blanc). Pour la vannerie et le cuir, une étiquette est nouée à l’objet (fil blanc, neutre). Le numéro y est inscrit avec un stylo à encre ineffaçable.
  • Description : chaque objet est décrit de la manière la plus détaillée possible. Des rubriques informent sur l’identité exacte de l’objet, sa gestion, sa description matérielle, son histoire, ses références et sur les éléments de sa conservation. Cette étape de l’inventaire est souvent amenée à se poursuivre dans le long terme. L’informatique permet de compléter et de préciser a posteriori les notices pour chaque objet, ce qui était impossible avec le registre paraphé de format italien.
  • Restauration : une dizaine de pièces faisant l’objet d’une mise en exposition sont dépoussiérées par un restaurateur agréé par la Direction des Musées de France. Trois autres objets, fragmentaires, sont restaurés.
  • Numérisation des Photographies : toutes les prises de vue sont scannées soit directement à partir des ektachromes (nécessitant un scanner pour documents transparents), soit après leur développement papier (photos couleur, 10x10cm). L’objectif de la numérisation de ces photographies est de pouvoir intégrer des vues des objets inventoriés dans la base de données.
  • Documentation : pour être complet, l’inventaire se poursuit par une documentation étayée des objets de la collection. À ce stade, et lorsque cela est possible, un dossier est constitué pour chaque objet incluant l’ensemble de la documentation qui a pu être recueillie à son propos, en particulier les publications où il est mentionné, ainsi que les éléments de comparaison qui ont pu être découverts, les correspondances avec les chercheurs, les factures, les documents de restauration. Des fichiers annexes sont également créés, tels les fichiers comprenant les noms d’auteurs, les noms de lieux d’origine, les thèmes représentés, les noms des donateurs, des collecteurs ou des vendeurs.

Diffusion

Les données réunies lors de l’inventaire pré-décrit sont partiellement diffusées sur la base de données de la Collection pour une consultation virtuelle.

Cette entreprise a permis aux professeurs de l’Université de disposer, à nouveau, de cette collection pour la réalisation de leurs recherches et de leurs différents projets (expositions réalisées par les étudiants dans le cadre de formation en muséologie, présentations pédagogiques destinées aux scolaires et au grand public).
En outre, à la faveur de cet outil de gestion, le responsable de la Collection put répondre favorablement aux demandes de prêts émanant de différentes institutions muséales françaises.

Enfin, l'édition d'un catalogue papier qui reprendrait l’essentiel des informations de la base de données est en projet.

Roger Somé

Gaëlle Weiss