Communication de Gabriel Facal
J’interroge ici les représentations et usages du corps dans le cadre de l’école d’initiation rituelle à l’art martial penca du village de Rancalame, à Banten en Indonésie. Dans ce contexte, la personne est conçue comme étant composée de deux dimensions : l’une exotérique, physique (lahir ou zahir), l’autre ésotérique, spirituelle (batin). La première ancre la personne dans la localité et la relie aux maîtres fondateurs de l’école d’initiation. L’apprentissage du penca a aussi pour objectif ultime l’« union avec Dieu » (tauhid), selon la doctrine soufie locale.
Cette dimension intégrative de la pratique du penca se voit contrebalancée lorsque le groupe initiatique est menacé dans sa capacité à perpétuer ces valeurs et que des contraintes politiques s’imposent à lui. Les initiés sont alors conduits à mettre au premier plan leur formation physique et à reformuler la notion de guerre sainte islamique djihad telle qu’elle est conçue localement. En outre, dans les ramifications urbaines, les rituels collectifs du penca indiquent une dévaluation de la représentation en tant qu’action rituelle. Néanmoins, on peut se demander si ce type de processus de désacralisation doit être nuancé, au vu de l’émergence de pratiques nouvelles combinant dimension religieuse, objectifs politiques et stratégie de communication.
Mardi 12 décembre 2017 – 18h-20h Salle 5320 - Institut d’ethnologie
Faculté des Sciences Sociales - Bâtiment Le Patio Esplanade - Université de Strasbourg
Conférence ouverte à tous