Dernière séance du séminaire ethnologie et archéologies 2018 : synthèse des étudiants du 14 décembre 2018

La neuvième et dernière séance du séminaire 2018 a eu lieu vendredi 14 décembre, en salle des conférences de la MISHA, décorée avec originalité, à l’initiative de l’Association d’ethnologie, par l’intégralité des affiches du séminaire depuis sa création en 2014 comme une exposition d’autant d’œuvres et un magnifique rappel des conférences passées.


Cette séance a été inaugurée par un mot de Jean-Daniel Boyer, doyen de la Faculté des Sciences sociales, mot suivi par la lecture de « Mai », poème d’Apollinaire, à la demande de J.-D. Boyer, avant la conférence passionnante et très appréciée de la cinquantaine des auditeurs présents de Cécile Sarabian, primatologue, sur le dégoût chez les singes à partir de l’exemple des macaques de Koshima au Japon, en présence exceptionnelle de Himani Nautiyal venue elle aussi du Japon, suivie par la conférence de synthèse présentée par le groupe d’étudiants volontaires.

Mai
Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains ?

Or des vergers fleuris se figeaient en arrière
Les pétales tombés des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que j’ai tant aimée
Les pétales flétris sont comme ses paupières

Sur le chemin du bord du fleuve lentement
Un ours un singe un chien menés par des tziganes
Suivaient une roulotte traînée par un âne
Tandis que s’éloignait dans les vignes rhénanes
Sur un fifre lointain un air de régiment

Le mai le joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de rosiers
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes

Guillaume Apollinaire, Rhénanes, Alcools, 1913

La synthèse étudiante portait sur l’ensemble des huit séances précédentes du séminaire, depuis le 5 octobre dernier, que les membres du groupe de synthèse ont tous suivies assidûment, nommément, Tanguy Jouet (L1), Judicaël Jugé (L1), Maëlle Viple-Zeller (L3), Maxime Brissac (L3), Pauline Pépin (M1), Laetitia Lévy (M1), Swann Gastinger-Finazzo (M2, coordinateur).

Elle a débuté avec la synthèse de Maëlle Viple-Zeller (L3) et Maxime Brissac (L3), d’un quart d’heure exactement, servie par un duo efficace qui, l’un relayant l’autre avec harmonie, abordait la question de l’homme face à l’omniprésence des êtres non-humains et à la solitude, pour la première, et l’inspiration actuelle puisée dans les croyances anciennes, notamment en Asie du Sud-Est et dans le monde musulman, pour la création de personnages non humains tels que génies et djinns dans les films et jeux vidéo, le tout dans une forme bienvenue et avec un fond remarquable.

Cette synthèse a été suivie par celle de Tanguy Jouet (L1) et Pauline Pépin (M1) qui ont, eux, choisi d’orienter très brillamment leur propos sur le langage pour le premier, à propos d’interdit, de relation au divin et de paroles réifiées remarquables, sur la parole comme objet, et notamment objet protecteur nanti d’une puissance apotropaïque, pour la seconde, s’appuyant comme le premier duo sur de nombreuses conférences, et offrant au public une double séquence de haute tenue.

Puis vint la synthèse de Laetitia Lévy (M1) et de Judicaël Jugé (L1) qui, étayant leur propos eux aussi d'exemples tirés des conférences antérieures, réévaluaient la frontière entre humains et non-humains notamment à propos de croyances pour la première, et la place respective de la culture dans la nature dans l’anthropologie aujourd’hui pour le second, l’ensemble, tout comme les binômes précédents, étant marqué par la qualité à la fois dans la forme et dans le fond,

La dernière partie, également excellente, fut celle de Swann Gastinger-Finazzo (M2, coordinateur du groupe) qui remettait en perspective le thème du séminaire de cette année, les êtres d’exception non-humains, à partir d’une expérience de terrain vécue chez les Munduruku du Brésil en évoquant poteries, rêves, notions de territoire et d’identité.

Les synthèses proposées ont chacune été brillamment exposées, avec clarté, dans un continuum harmonieux et remarquable entre elles, données chaque fois avec une aisance digne des professionnels de l’anthropologie habitués des colloques internationaux, et en respectant le découpage temporel imposé, soit quinze minutes par intervention, même lorsque les intervenants étaient deux à se partager un exposé.

Il faut saluer le travail magnifique d’encadrement du groupe de synthèse de Swann Gastinger-Finazzo (M2) qui a su motiver, encadrer, tout en permettant à ses condisciples de s’exprimer pleinement, réussissant ainsi un leadership parfait pour ce travail collectif.

Remercions aussi les trois assistants volontaires du séminaire, Romain Denimal (M2), Marc-Emmanuel Grandgeorge (M2), Bryan Nemec (M1) pour leur travail de soutien logistique essentiel et la part prise dans le bon accueil fait aux intervenants du séminaire.

On notera, cette année pour la première fois, la présence active d’étudiants de première année de licence de sciences sociales dans le groupe de synthèse et qui n’ont pas démérité vis-à-vis du groupe et se sont révélés de futurs excellents orateurs scientifiques.

Tous les conférenciers qui ont eu la gentillesse de participer au séminaire depuis octobre ont été cités par les uns ou par les autres et il faut noter que la totalité des conférences a suscité l’intérêt des étudiants qui l’ont bien montré avec sincérité. Certaines conférences ont même engendré de l’enthousiasme. Mais, globalement, comme l’ont résumé eux-mêmes les intervenants étudiants ainsi que leurs supporters dans la salle, qui en apprenaient beaucoup, même de façon indirecte, sur la manière de prendre la parole publique dans un cadre scientifique, but principal de cette opération à vocation pédagogique, toutes les conférences ont plu aux étudiants et auditeurs divers, assez réguliers d’ailleurs, dont quelques doctorants et chercheurs en archéologie et quelques amateurs cultivés très fidèles au séminaire.

Après qu’Eponine Belcour (M2) ait présenté le très beau fruit collectif de son initiative au service de l’Association [des étudiants] d'ethnologie, un calendrier des étudiants d’ethnologie en vente auprès de l’Association (trésorier : Thibaud Thionnet, M1, asso.ethno@gmail.com), au prix modique de cinq euros, le séminaire 2018 s'est clos sur une double conclusion de Geremia Cometti et Pierre Le Roux, pendant que Elena Landmann projetait une sélection d’une cinquantaine de ses magnifiques photographies de chacune des séances du séminaire de cette année, depuis le 5 octobre dernier.

Regardez la galerie d'images du séminaire ici

Le séminaire s’est achevé, comme le veut sa tradition, par un très sympathique pot à l’initiative de l’Association d’ethnologie dans un lieu idéal, en dehors de l’université, avec une animation musicale créative du groupe The Invisible Hand appelé à rayonner sur le marché global.

Nous remercions tous ceux qui ont contribué à ce que le séminaire puisse avoir lieu encore cette année, la cinquième, étudiants du groupe de synthèse, Association d’ethnologie en charge d’une part de la logistique, conférenciers, auditeurs et passants éclairés, organisateurs, mécènes institutionnels et en premier lieu le laboratoire SAGE, le laboratoire DynamE, l’IRD, le CNRS, la Faculté des Sciences sociales, l’Institut d’ethnologie, la Maison interuniversitaire des sciences de l’Homme en Alsace et la DALI.

Rappelons que, grâce à l’Association d’ethnologie et au travail de bénédictin, bénévole, de Lug Duzuseau (M2) notamment, à l’exception de deux fonction de contraintes institutionnelles, les conférences ont été enregistrées, avec l’accord écrit des intervenants et l’aide technique du personnel de la MISHA et de la DALI, et seront mises en ligne sur le site YouTube de l’association d’ethnologie relayé par le site de l’Institut d’ethnologie, palliant ainsi une part des manques du système universitaire et académique en termes d’appui logistique et pratique.

Merci à tous, félicitations aux étudiants du groupe de synthèse qui ont fait démonstration de leur aptitude à mettre en œuvre les méthodes et préceptes appris durant l’année universitaire, de la licence 1re année au master 2e année.

Passez de bonnes fêtes de Noël et de nouvel an et à bientôt pour la suite de cette série interdisciplinaire et de sciences participatives donc, dans sa saison six en préparation.

Pierre Le Roux et Geremia Cometti